Réunion des églises

Réunion des paroisses de Claix et Rouffiac à Plassac.
Cette information vaut pour le côté historique, elle témoigne d’une vision du pouvoir sur les populations, et des moyens d’en reprendre et d’en garder le contrôle.
Agissant sur les habitants et leurs pratiques, cette réunion aura aussi un retentissement sur le patrimoine, des bien meubles et immeubles des paroisses de Claix et Rouffiac seront déplacés, vendus… Créant des tensions supplémentaires entre les populations…

En 1801, le Concordat signé entre Bonaparte et le pape Pie VII réorganise le culte catholique. Les paroisses de Claix et de Rouffiac furent rattachées à leur voisine Plassac. Cette décision semble rapidement sujette à contestation puisque l’on trouve dans le dossier de la commune de Plassac (série O aux AD), de nombreux échanges de courrier entre le maire de Plassac, Jacques Jolly, et le préfet de Charente. Ce n’est qu’en 1805 que les maires reçurent officiellement le courrier leur annonçant la réunion des paroisses.

Voici un extrait de la lettre du 10 Fructidor An 13, soit 28 août 1805, que jacques Jolly adresse à la Préfecture.
Sujet : Les maires de Claix et Rouffiac refusent d’aider Plassac pour les travaux de l’église.
Ces échanges de courrier dureront au moins jusqu’en 1810.

« Je viens de recevoir de vous une lettre qui m’annonce que le travail pour la réunion et circonscription des communes ou succursales est terminé, que ma commune se trouve chef lieu de Claix et de Rouffiac qui sont réunis.
J’ai donc d’après cela, monsieur, à m’entretenir avec vous sur les moyens à prendre pour faire opérer ses réunions.


… Après le Concordat, dans le travail qui devait s’opérer pour les réunions, Plassac se trouvait toujours Chef-lieu, comme étant le plus central; en conséquence de ce travail opéré sous monsieur de Lestre, monsieur l’Évêque nous avait nommé un desservant.

À cette époque, après m’être concerté avec monsieur le Préfet, je tâchais de mettre en usage les moyens les plus économes pour faire faire les réparations les plus pressantes du temple, de son ameublement et des réparations de la maison presbytérale. D’après l’autorisation de Monsieur de Lestre, j’invitais les conseils municipaux des communes de Claix et Rouffiac à assister au mien pour délibérer sur les moyens à prendre. Ils s’y refusèrent formellement.

Ce qui arrêta ceux de ma commune, disant qu’ils ne voulaient point faire seuls des réparations qui serviraient au bien de tous. Les choses ont toujours resté dans cet état. Maintenant que le travail est terminé, qu’il ne peut plus y avoir de changement, il faut prendre des mesures rigoureuses, sans quoi rien ne se fera. Le conseil de ma commune avait fait un état économique et approximatif des dépenses à faire, elles montaient à une somme de 1800 fr, et il demandait que cette somme fut répartie au « marc le franc » de tous les contribuables des communes de la réunion. Ce travail avait été envoyé à monsieur de Lestre pour le faire homologuer et le rendre exécutoire, ou s’il ne le pouvait pas, obtenir une loi qui l’y autorisa.
Les choses en sont encore restées là.

D’après le décret impérial, qui a réduit toutes les communes du département à deux cents succursales salariées par le trésor public, je crois monsieur le Préfet que sa majesté impériale a attendu, d’après les principes qui la dirigent, que le culte dans ces communes-là, s’exercera et que pour cela, il sera pris des moyens prompts et sûrs. Et qu’il vous a revêtu, sans doute, de tous les pouvoirs utiles à cet effet.

Car si on attend de la religion des citoyens, le zèle et le sacrifice à faire pour les réparations, dans cent ans, on ne sera pas plus avancé qu’aujourd’hui.
Les habitants des campagnes sont sans éducation, ne vivant que machinalement, ne consultant que leurs intérêts d’ici-bas, qui croient, d’après les faux principes que quelques malheureux leur ont prêché depuis quinze ans, qu’ils n’y a point d’autre vie, et que pourvu qu’ils soient assez adroits pour se soustraire au châtiment civil, qu’à la mort tout est fini.

Il y en a qui ont une façon de penser bien différente : ceux-là ont un peu plus d’éducation.

Le nombre est petit. Il est temps, monsieur le Préfet, que la morale soit rétablie.
Dans les campagnes, le désordre et la dépravation des mœurs est à son comble. Le frein le plus sûr pour arrêter ce fléau destructeur de la société, est la religion pratiquée par des ministres sages et éclairés… ».

Signé Jacques Jolly, 10 fructidor An 13 (28 août 1805)

Première page du décret de rattachement des paroisses de Claix et de Rouffiac à Plassac
Sources des photos : AD16
Dernière page du décret de rattachement des paroisses de Claix et de Rouffiac à Plassac
Sources des photos : AD16
Le 25 janvier 1813, un décret de Napoléon, autorise le Préfet de la Charente à vendre les bâtiments et terrains appartenant aux anciennes paroisses de Rouffiac et de Claix, au profit de la Fabrique de Plassac.